Une des affections les plus couramment rencontrées chez le veau est la diarrhée néonatale. Cette maladie peut toucher les veaux depuis leur naissance jusqu’à un mois d’âge. De nombreuses causes peuvent être à l’origine de diarrhées néonatales chez le veau et l’une des principales répercutions est une déshydratation de l’animal pouvant rapidement devenir grave. La base du traitement repose donc sur une réhydratation du veau. Correctement réalisée, elle permet d’éviter une apparition de complications pouvant avoir de graves conséquences, tant sur sa santé que sur sa croissance, mais aussi d’éviter la mort du veau. Sans une prise en charge rapide, des conséquences économiques majeures peuvent à terme survenir au sein de l’élevage.
Comment savoir quand réhydrater un veau ?
Un veau en diarrhée va perdre de l’eau, des électrolytes, du glucose et des acides aminés, entraînant une déshydratation de l’animal. Le choix du moyen de réhydratation va dépendre du degré de déshydratation du veau qui peut s’évaluer par l’observation de plusieurs symptômes associés à la diarrhée. Dès lors qu’un veau a la diarrhée, il convient donc de bien observer l’animal malade afin de repérer les éventuels signes cliniques présents qui peuvent être consécutifs à la déshydratation voire à une acidose métabolique (pH du sang trop acide). Voici les différents signes d’appel qui doivent vous faire réagir en fonction du degré de déshydratation du veau :
- Déshydratation légère (2,5 à 5%) : hyperthermie (possible mais pas toujours présente), veau debout, les muqueuses deviennent sèches, extrémités chaudes, pli de peau plus long à se remettre en place (3 à 4 secondes) et l’œil est légèrement enfoncé ;
- Déshydratation modérée (5 à 10%) : température normale, veau couché, muqueuses collantes à sèches, extrémités tièdes, réflexe de succion (tétée) diminué, pli de peau persistant (5 à 7 secondes) et œil enfoncé ;
- Déshydratation grave (au-dessus de 10%) : hypothermie, veau couché et affaibli, muqueuses sèches et pouvant apparaître blanches dans les cas les plus graves, extrémités très froides, réflexe de succion absent, pli de peau persistant (> 8 secondes) et œil très enfoncé.
Comment réhydrater mon veau en cas de déshydratation légère ?
Lorsque la déshydratation est légère, vous pouvez réhydrater vous-même votre veau au moyen d’une réhydratation par voie orale. Comme nous l’avons vu précédemment, un veau en diarrhée va perdre des électrolytes, de l’eau, des acides aminés ainsi que du glucose. Il est donc nécessaire de lui fournir des électrolytes qui vont également favoriser la pénétration de l’eau dans l’organisme et permettre de corriger la déshydratation. Il est aussi important d’apporter de l’énergie à l’animal grâce au glucose. De nombreuses solutions existent pour réhydrater un veau par voie orale. Certains réhydratants oraux possèdent également des substances tampon afin de corriger une fréquente acidose métabolique, atteinte qui fait partie des complications des diarrhées néonatales.
Par ailleurs, il convient de faire attention à ne pas arrêter la prise de lait durant plus de 24 à 36 heures car un réhydratant oral ne remplace pas un repas de lait. Dans la mesure où le réflexe de succion est conservé et qu’il n’y a pas de stase digestive, il est recommandé de maintenir l’alimentation lactée.
Plusieurs techniques vous permettent de réhydrater votre veau par voie orale. Vous pouvez ainsi lui administrer le réhydratant directement à la buvée dans un seau ou bien à l’aide d’un biberon. L’emploi d’une sonde œsophagienne est également possible. Attention, si vous optez pour une administration par sonde, il est important de bien la positionner afin de ne pas blesser l’œsophage du veau voire pire de passer par la trachée et engendrer une infection pulmonaire. Il est important de mélanger le réhydratant avec une eau propre et potable. Vérifiez bien également que le réflexe de succion est conservé sinon le réhydratant risque de se retrouver dans le rumen où il ne sera d’aucune efficacité.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire sur le choix du réhydratant oral ainsi que sur sa durée et sa fréquence d’administration.
Comment réhydrater mon veau en cas de déshydratation modérée à grave ?
Dès lors que le degré de déshydratation du veau est modéré voire grave (> 8%), une réhydratation par voie intraveineuse s’impose. Il est alors nécessaire de rapidement contacter votre vétérinaire. Ce dernier pourra perfuser le veau afin de corriger rapidement la déshydratation et l’éventuelle acidose métabolique. L’avantage de la voie intraveineuse est que la réhydratation est plus rapide que par voie orale, ce qui est nécessaire dans le cas d’une déshydratation modérée à grave du fait des complications qui peuvent très vite se mettre en place. Il est important de bien garder en tête que le veau peut mourir rapidement, contacter votre vétérinaire est donc primordial. Par ailleurs, c’est également lui qui est le mieux placé quant au choix de la solution à administrer au veau malade en fonction de la situation et des signes cliniques qu’il présente. Suite à une réhydratation par voie intraveineuse, un relai au moyen d’un réhydratant oral est souvent conseillé selon les recommandations de votre vétérinaire et si le réflexe de succion est présent.
À noter que votre vétérinaire peut vous proposer de réaliser des prises de sang pour adapter au mieux le plan de perfusion et de réhydratation mais aussi hospitaliser le veau pour le perfuser sur une longue période et ainsi mieux le surveiller.
Par ailleurs, une réhydratation seule ne suffit pas toujours à rétablir le veau. Il est nécessaire de réaliser plusieurs soins au veau en diarrhée, qui diffèrent selon l’état du veau.
Références bibliographiques
– Thèse Alfort 2016, BRAGARD : DÉVELOPPEMENT D’UN LOGICIEL D’OPTIMISATION DE LA PRISE EN CHARGE FLUIDOTHERAPIQUE DES VEAUX ATTEINTS DE GASTRO ENTÉRITE
– Thèse Alfort 2003, Dufrasne : DIARRHEE NEONATALE DES VEAUX ET REHYDRATATION PAR LA VOIE ORALE