Définition de la phytothérapie
La phytothérapie, utilisée depuis plusieurs milliers d’années, fait partie des médecines complémentaires et consiste en l’utilisation de plantes pour prévenir ou soigner une maladie. Le mot phytothérapie vient du grec « phytos » qui signifie plante et « therapeia » qui veut dire soigner. En phytothérapie, il est possible d’utiliser la plante en entier ou bien qu’une seule partie de la plante (feuilles, tiges, etc.). Chaque plante renferme de nombreuses molécules, appelés principes actifs, lui conférant plusieurs propriétés pouvant être mobilisées en phytothérapie. Le totum constitue l’ensemble des principes actifs d’une plante. La phytothérapie permet ainsi de traiter la cause de la maladie de manière globale et non un signe clinique particulier, tout en agissant progressivement et de manière douce. Cette médecine peut également être utilisée en prévention. L’aromathérapie, c’est-à-dire l’utilisation d’huiles essentielles pour soigner un problème de santé, représente une branche de la phytothérapie.
D’après l’Académie nationale de Pharmacie, la phytothérapie est définie comme une « thérapeutique allopathique destinée à prévenir et à traiter des troubles fonctionnels et/ou des états pathologiques bénins par des plantes médicinales dénuées de toxicité dans des conditions normales d’utilisation. ». Par ailleurs, une plante est dite médicinale dès lors qu’elle est inscrite sur la liste de la Pharmacopée.
La phytothérapie en médecine vétérinaire bovine
Déjà très utilisée en médecine humaine, de plus en plus de vétérinaires s’intéressent désormais à la phytothérapie et se forment pour l’inclure dans leur pratique au quotidien, quelle que soit l’espèce. Ainsi, des vétérinaires formés en phytothérapie peuvent réaliser des consultations de phytothérapie aussi bien à l’échelle de la vache qu’à l’échelle du troupeau. Ce type de consultation se déroule comme une consultation classique avec un examen de l’animal et/ou du troupeau accompagné d’un questionnement de l’éleveur afin de poser un diagnostic. En fin de consultation, le vétérinaire choisira la (ou les) plante(s) les plus adaptées en fonction de leurs propriétés et vous prescrira une ordonnance.
Certains produits phytothérapeutiques disposent aujourd’hui d’une AMM (autorisation de mise sur le marché). Cette autorisation garantie leur qualité, leur efficacité ainsi que leur innocuité. Ce sont ces médicaments qui vous seront proposés en priorité. Néanmoins, du fait du peu de médicaments disposant d’une AMM en phytothérapie ainsi que de l’indication pour les animaux de compagnie en majorité, une préparation peut être réalisée par votre vétérinaire, il s’agit alors d’une préparation extemporanée. L’utilisation de produits phytothérapeutiques à usage humain est également possible. Cependant, il convient de faire attention quant au choix des plantes du fait de la possible présence de résidus dans les produits destinés à la consommation humaine. Des conditions particulières de temps d’attente lait et/ou viande peuvent alors s’imposer.
Les médicaments phytothérapeutiques se présentent sous diverses formes en fonction de leur mode de préparation :
- Infusions : il s’agit d’infusions de plantes sèches (en général les parties aériennes de la plante : feuilles, tiges, fleurs, etc.) directement dans de l’eau bouillante ;
- Décoction : il s’agit d’infuser une plante dans de l’eau froide avant de porter le tout à ébullition prolongée ;
- Plante sèche ;
- Poudres ;
- Extraits secs : il s’agit de la base de nombreuses préparations en phytothérapie. Ces extraits sont obtenus suite au broyage des plantes ayant été récoltées avant d’être mélangées à un solvant (en général de l’alcool). Le tout est finalement évaporé afin d’obtenir un extrait sec ;
- Teintures mères : il s’agit d’un liquide obtenu suite à la macération de plantes fraîches dans de l’alcool.
Par ailleurs, il est également possible de combiner plusieurs plantes différentes pour des actions complémentaires, on appelle cela des associations synergiques.
Quant aux huiles essentielles, ce sont des extractions très concentrées de substances aromatiques issues de plantes odorantes (thym, lavande, etc.). Une huile essentielle peut contenir plusieurs centaines de ces substances.
La phytothérapie chez le veau
En tant qu’éleveur, le souhait d’avoir recours à la phytothérapie peut se faire pour de multiples raisons que ce soit dans une démarche de diminution de l’utilisation d’antibiotiques, pour des raisons environnementales ou encore dans le cadre du cahier des charges de l’agriculture biologique. Chez le veau, la phytothérapie est majoritairement utilisée pour les affections les plus courantes, à savoir les diarrhées néonatales, les « gros nombrils » (omphalite) et les maladies respiratoires.
Attention car bien que les médicaments phytothérapeutiques puissent présenter l’avantage d’avoir moins d’effets secondaires que les médicaments classiques, cette médecine n’est pas à utiliser à tort et à travers chez l’animal. Avant de se lancer dans son utilisation, le premier réflexe à avoir est de se tourner vers un vétérinaire formé en phytothérapie. En effet, même si les préparations phytothérapeutiques sont généralement bien tolérées, elles peuvent aussi avoir des effets toxiques dans certaines circonstances ou lors de dosages trop élevés. Par ailleurs, la qualité des produits est moins bien garantie que celle des médicaments allopathiques (moins d’encadrement réglementaire), il convient donc d’être particulièrement prudent sur les sources d’approvisionnement. En effet, les conditions de culture et de récolte des plantes sont très importantes et les compositions ne sont pas toujours stables. De plus, certaines plantes peuvent poser des problèmes de résidus pour le lait et la viande, votre vétérinaire peut également vous renseigner à ce sujet. Cette prudence est particulièrement nécessaire avec les huiles essentielles très complexes et extrêmement concentrées. Le respect des posologies conseillées par un professionnel est donc important quelle que soit la préparation et plus particulièrement pour les huiles essentielles. Enfin, l’automédication avec des plantes récoltées par vous-même est à proscrire d’une part du fait que certaines plantes ne peuvent pas être utilisées en association (comme de nombreux médicaments) sous peine de voir apparaître des effets néfastes sur la santé des animaux et d’autre part car plusieurs plantes sont toxiques pour les vaches et pourraient donc nuire à leur santé voire pire engendrer leur mort. Être formé est indispensable, des formations sont désormais disponibles pour les éleveurs qui désirent se former à la phytothérapie.
Au moindre doute, n’hésitez pas à contacter un vétérinaire formé en phytothérapie qui pourra vous conseiller et vous orienter dans votre démarche.
Références bibliographiques
Experton C. et Bouy M., 2017. Plantes à usage thérapeutique en élevage, utilisables en automédication par les éleveurs, en première intention, sous conditions de compétences des utilisateurs. ITAB, 4 p